Accueil > AÏKIDO > De retour d’un stage.... > Stage du 14 janvier 2006
Philippe Cocconi, 5e dan, nous a fait l’honneur d’animer le premier stage du PAC de l’année 2006. Ce fut un excellent moment, dont voici quelques impressions.
Comme un certain nombre d’entre nous, je n’avais pas encore eu le plaisir de participer avec Philippe (on peut en trouver un rapide portrait sur le site de son club), jeune 5e dan d’aikido et 4e dan de iaido. En arrivant sur le tatami, j’étais donc bien en peine de deviner qui il était, surtout qu’il s’était mêlé aux autres pratiquants qui s’echauffaient doucement.
C’est donc directement dans le cours que j’ai découvert un professeur jeune et dynamique, désireux de transmettre son savoir-faire et qui sait parler de réalisme sans exagérations ni violence inutile. La meilleure illustration est sans doute le contenu du cours lui-même.
Préparation
L’enseignement commence dès le début de la prémaration. Après une respiration initiale shizentai, Philippe avance résolument la jambe gauche pour prendre une large position sankaku. Face à lui, nous hésitons, cherchons la bonne position. Voici précisément ce que Philippe a décidé de nous faire travailler aujourd’hui : la disponibilité dans la pratique, qui permet la liberté dans les techniques. Nous voici donc incités à un ame no tori fune plus incisif.
Cela continue avec le travail des ukemi. À partir d’une position à genoux, penchés vers l’avant, les bras tournés vers l’extérieur, il s’agit de faire une chute avant quand un bras part vers l’extérieur. L’important est alors la décontraction, qui permet de réagir au moment précis où l’épaule effleure le sol. Suit le même exercice quand le bras part vers l’intérieur, avant de faire quelques longueurs de chutes pour achever la préparation.
Morote
Philippe nous demandant ce que nous voulons faire, une première suggestion fuse : morote (aussi connu sous le nom katate ryote). Le problème posé est de savoir comment monter le bras saisi pour faire, par exemple, naname kokyo nage face à une saisie très puissante. Philippe propose de penser cette technique en référence au sabre. Il s’agit donc de décaler son corps en gardant le bas saisi dans l’axe du corps puis de l’élever tout en descendant les hanches, comme on le ferait pour un ken. Le déséquilibre est alors créé, et la projection bénéficie de l’impulsion que les hanches donnent à la descente du bras.
Philippe voyant que cette entrée n’est pas toujours claire nous propose de ressentir cela bokken en mains. À partir d’une garde, tori chasse l’arme d’uke et frappe. Dans ce cas, il importe d’imprimer à l’arme d’uke un mouvement vers le bas, qui va planter la pointe de son sabre vers le sol. L’erreur souvent commise est de lancer la pointe de son arme vers l’extérieur, ce qui lui permet de remettre très rapidement son arme en ligne, ou de poursuivre la ligne du mouvement pour revenir frapper les jambes. Le point technique est donc de commencer l’ouverture dès le déplacement initial hors de la ligne, et de tourner le bokken pour chasser l’armer de haut en bas à l’aide du côté du sabre. Le côté permet en effet d’accélerer le mouvement, alors que la courbure du tranchant le ralentit.
Ai hanmi katate tori
Ce principe d’entrée directe sur l’axe du partenaire n’est d’ailleurs pas propre à morote, nous fait remarquer Philippe. Elle concerne toutes les réponses de tori et tous les types d’attaques. En effet, qu’il s’agisse d’une saisie ou d’un atemi, tori cherche avant tout à ne pas parturber la direction donnée par uke à son mouvement. Toute altération de cette direction constitue en effet une ouverture qu’uke peut saisir pour modifier son attaque et riposter.
De même, uke imprime toujours une certaine direction au mouvement. Son attaque présente une dynamique propre, directement vers tori, vers le bas, la gauche ou la droite, ou vers le haut. Tori ne peut négliger cette dynamique propre à l’attaque, et doit adapter la forme de sa réponse à la direction donnée.
Philippe propose de ressentir dans un premier temps ce travail sur ai hanmi katate tori. Cette saisie limite les directions qu’uke peut imprimer à quatre : vers le haut (comme pour enchaîner sur ikkyo, le bas, directement vers tori ou vers l’extérieur. Philippe n’impose pas de technique, mais la technique réalisée doit être compatibles avec la direction donnée par uke. De con côté, uke doit être conscient de la direction qu’il donne, et tâcher d’attaquer dans l’axe. Ce dernier aspect du travail n’est certes pas le plus facile à l’usage.
Suwari waza shomen uchi
Philippe nous suggère ensuite de travailler la même chose à genoux, dans une situation particulière. Uke et tori sont de face, sans garde, et uke attaque à son gré shomen uchi ou yokomen uchi. Tori doit répondre indifféremment ikkyo ou kokyi nage, avec un déplacement de corps identique, en fonction de l’attaque choisie par uke. Le travail doit être souple et dynamique pour permettre de travailler les sensations.
Les atemi : les kaiten nage
Une autre question est posée à Philippe : comment pratiquer avec les atemi ? En particulier, existe-t-il des techniques où les atemi sont nécessaires à la bonne exécution ? Oui, répond Philippe. Quel peut en être le meilleur exemple ? Plusieurs pratiquants proposent la même technique : uchi kaiten nage, et sa cousine soto kaiten nage. Avec la personne qui a posé la question, Philippe démontre que la pratique des atemi pose un problème. Même avec beaucoup de détermination, son partenaire a des difficultés à porter un véritable atemi. Philippe montre alors qu’il n’est pas possible de porter d’atemi convaicant sans engager son corps dans le coup. L’exécution de la technique s’en trouve modifiée, et doit intégrer le placement et l’inertie résultant de l’atemi porté. Philippe souligne que la pratique de l’aikido est une stylisation d’une situation réelle, qui est mimée. De ce fait, les atemi les plus fréquemment présentés servent essentiellement à vérifier la distance, et de pourraient se tranformer en véritables menaces sans modifier la techniques du même coup. Dans le cas d’uchi kaiten, les atemi concernent aussi uke : si le contrôle de la tête est insuffisant, uke peut se retourner et porter un coup à l’aine de tori. C’est pour éviter un tel coup que tori peut partir en forme ura, qu’il est difficile d’amener si uke ne tente pas une telle manœuvre. Pour empêcher uke de se retourner, tori doit l’obliger à poser la main qui saisit au sol en faisant passer la sienne au ras du tatami, et prendre à ce moment-là le contrôle de la tête.
Désaxer : kata tori
Philippe propose ensuite un travail différent, lié au précédent par le rôle de l’atemi : sur kata tori, tori sor sur l’exterieur, en désaxant uke et en l’empêchant d’approcher à l’aide d’un atemi au visage. Cette entrée permet ensuite ensuite de travailler kokyo nage sur le déséquilibre arrière d’uke
Conclusion
Après le kokyo ho, Philippe conclut en soulignant que le travail en aikido mime une situation réelle, et qu’il ne faut pas perdre celle-ci de vue. Un travers systématique de l’enseignement de l’aikido est de fixer la forme d’attaque, ce qui conduit à peu, voire jamais, travailler dans l’ignorance de l’attaque qui va être choisie par uke. un tel travail constitue pourtant la pierre de touche d’une liberté dans la technique et le positionnement, qui permettent d’appliquer la technique juste en réaction l’impulsion donnée par l’attaque d’uke. Du côté d’uke, attaquer signifie se mettre en danger, et son rôle passe par une réactivité à la réaction de tori.
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