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11 octobre 2010
cleab, guillaumebourain

Récit du stage de ligue FFAB en hommage à Sensei Tamura Noboyoshi Shihan (journée du dimanche)

C’est pas moins de six experts qui sont venus bénévolement nous enseigner leur pratique pour un hommage à celui qui fut leur maître, Sensei Tamura Noboyoshi Shihan qui a veillé sur l’Aïkido en France pendant plus de quarante ans et qui s’est éteint cet été à la veille du grand stage international de Lesneven.

Six experts réunis dans la plus grande humilité, rappelant qu’ils avaient été élèves avant d’être maîtres et nous transmettant leur respect des maîtres qui les ont précédés comme Sensei Tamura ou bien entendu O’Sensei lui même.

Réunir une telle brochette de talents, présuppose avant tout une chose : un rythme de travail sans relâche pour les pratiquants qui pratiqueront environ six heures par jour dans six styles différents.

C’est donc avec la martialité joviale de Sensei Toshiro Suga, 6ème Dan qui a pratiqué avec O’Sensei en personne, que nous entamons ce dimanche au son des Jo qui s’entrechoquent. Maître Suga ne nous ménage pas, nous faisant enchaîner les projections et les ripostes implacables. Jamais avare d’une anecdote, il ponctue ses démonstrations d’histoires nous décrivant notamment les méthodes d’entraînements très dures d’O Sensei et nous rappelant que nous pratiquons un Budo exigeant un perpétuel dépassement de soi, chacun à son rythme et à son niveau, mais dans un constant effort de recherche de maîtrise de la technique et du corps pour aboutir à celle de l’esprit.

Vient ensuite Maître Malcolm Tiki Shewan, 6ème Dan d’Aïkido et grand expert de Ken et de Iaido. Délaissant pour une fois son Bokken, il nous enseigne avec son flegme et son humour anglo saxon comment pratiquer le Irimi Atemi, à savoir le placement préalable face à une attaque qui permet ensuite l’action juste et efficace. Pour Maître Tiki Shewan, il ne s’agit pas de frapper pour gagner mais de gagner par le placement qui permettra ensuite la frappe ou le contrôle. Maître Tiki Shewan le démontrera brillamment en nous faisant constater qu’à partir d’une entrée bien faite peut découler pratiquement n’importe quelle prise selon la situation ou l’affinité du pratiquant.

La matinée se clôturera par l’enseignement souriant mais redoutablement efficace de Michel Bécart Sensei, pionnier de l’Aïkido en France, sixième Dan et professeur de notre maître Arnaud Chiniard. Il nous enseigne un travail sur Tenchi Nage basé sur la rotation, insistant sur le rôle d’Uke qui devra suivre et subir en souplesse afin que Tori puisse bien travailler la sensation d’absorption de l’attaque et la recherche du point de déséquilibre, Uke quant à lui travaillera la projection de son centre et sa souplesse (dorsale notamment...). Maître Bécart nous invite à la fluidité mais également à la solide construction de nos techniques, nous rappelant avec humour que pour espérer acquérir le style « vaporeux » d’un O Sensei en fin de vie, il faut d’abord parfaitement maîtriser solidement les bases techniques et corporelles de l’Aïkido, et ce de façon très pragmatique.

Le début d’après midi s’entame avec le sourire de Jean Claude Joannes Sensei, figure joviale de l’Aïkido depuis plus de trente ans, sixième Dan et professeur de notre maître Matthieu Caillat. Il nous propose un travail aux armes original avec une application bokken contre jo où Tori au Bokken désarmera Uke de son jo en lui appliquant un redoutable Shiho Nage. Si au départ l’enchaînement de frappes, ripostes et prises nous apparaissait comme d’un niveau quasiment inatteignable, la pédagogie constructive et enthousiaste de Joannes Sensei a permis à chacun d’appréhender la technique dans son ensemble, et d’expérimenter par là même un véritable catalogue de principes de placements en Aïkido.

Une bonne humeur en chasse une autre avec le cours de Stéphane Benedetti, sixième Dan, pratiquant l’Aïkido depuis 1966 et spécialiste de l’économie de mouvement, qu’il appelle en plaisantant la « paresse scientifique ». Car ne nous y trompons pas, c’est bien une science qu’il nous invite à découvrir, voire un art. Se déplacer de façon juste, sans mouvement inutile afin d’être parfaitement harmonieux avec l’attaque de l’adversaire et placer une technique de façon évidente et redoutable. A noter qu’au milieu de cette démonstration à la précision décontractée, Benedetti Sensei nous fit nous livrer à un exercice de transfert de poids d’un pied sur l’autre qui semblait pour lui aussi évidente qu’un simple pas chassé. Or, après nous y être tous essayé, force fut de constater que le niveau de fluidité atteint par le maître était pour beaucoup une montagne à gravir, ce que nous nous appliquerons à faire tant son enthousiasme fut communicatif.

Après ce défilé de personnalités hautes en couleur, la fin de stage fut replongée dans une ambiance de travail très japonaise avec le cours de René Van-Droogenbroeck Sensei, que tous connaissent sous le nom de Maître René VDB. Septième Dan, ce personnage de petite taille dégage une rectitude et une maîtrise de soi impressionnante lui conférant l’aura d’un immense budoka. Il nous démontre de nombreuses techniques parmi les plus physiques de l’Aikido, avec un travail fourni en Suwari Waza pour se terminer par des Kochi Nage. Démontrant ses techniques sans discours superflu, René VDB Sensei a instauré une ambiance de travail exigeante sans toutefois se départir de son sourire. A noter que quelques pratiquants du PAC ont eu les faveurs d’un quasi cours particulier de Toshiro Suga Sensei sur l’art du Kochi Nage.

Enfin ce fut le salut final avec de précieux instants où les six maîtres nous faisant face nous délivrèrent un message de force face à l’adversité physique ou morale, Suga Sensei rappelant que René VDB sensei était celui qui avait le plus travaillé en Suwari Waza alors qu’il n’avait plus de cartillage aux genoux et que cela lui était donc très douloureux, mais qu’importe la douleur physique si nous la surmontons par l’esprit. Becart Sensei nous a quant à lui évoqué l’ambiance des dojos de maître Tamura ou Noro où l’on venait s’entraîner même avec un poignet blessé, travaillant de l’autre main, ne relâchant pas la pratique et que si par malheur nous ne pouvions vraiment pas physiquement nous rendre sur les tatamis alors il nous restait le Miru Waza, l’apprentissage par le regard. Mais cesser de se rendre au dojo est impensable pour celui qui est dans la voie du budo et doit s’employer à continuer sa route malgré les adversités de la vie.

C’est sur ce message fort et généreux, n’exigeant aucune souffrance de nous mais au contraire nous invitant à nous appuyer sur le Budo pour pousuivre notre chemin malgré les embûches physiques ou morales que la vie peut réserver que nous nous sommes quittés, sur un dernier sourire et sous un tonnerre d’applaudissements.

Nous remercions la générosité de ces six experts venus bénévolement témoigner leur gratitude à celui qui fut leur maître en perpétuant de si belle façon son leg à l’Aikido. Nous remercions également le conseil d’administration du PAC et son président Patrice Verdier qui , rappelons le, ont offert ce stage aux membres du club qui avaient fait le déplacement, permettant une fois de plus un accès gratuit à l’essence de l’Aikido. Et nous remercions particulièrement Sensei Tamura Noboyoshi Shihan pour avoir permis à l’Aikido de se développer en France, en lui faisant la promesse que son héritage saura trouver en nous les fruits de la continuité.

Si vous souhaitez en savoir plus sur les maîtres présents lors de ce stage
http://www.leotamaki.com/article-stage-a-la-memoire-de-tamura-sensei-avec-vdb-benedetti-tiki-shewan-joannes-becart-et-suga-57613842.html
Si vous souhaitez lire une excellente interview de Maître Tamura
http://www.leotamaki.com/ext/http://www.tsubakijournal.com/article-7142924.html

Ces deux articles ont été mis en ligne sur le site de Leo Tamaki Sensei, 4ème Dan, qui sera par le hasard des calendriers le premier expert à venir au PAC pour inaugurer la saison des traditionnels stages gratuits. Rendez vous donc le samedi 16 octobre de 14 h à 17 h au gymnase Ortolan, 18 rue Ortolan, métro place Monge, pour découvrir la pratique de ce jeune maître emblématique de la nouvelle garde de l’Aïkido français.

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