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7 avril 2011
Bruno, Lionel

Troisième méthode de type spirituel de l’école de maître TOHEI : Maintenir le point unique.

Troisième méthode de type spirituel de l’école de maître TOHEI : Maintenir le point unique.

Conserver le point unique, c’est se rassembler, se concentrer. Symboliquement, celui-ci est situé dans le Hara (腹), région particulière puisque c’est celle du bas ventre, précisément là où se situe le centre de gravité du corps humain. En japonais, il existe plusieurs expressions pour le désigner, on parlera du point Kikaï Tanden (气海丹田) qui, littéralement, se traduit par l’océan ou la mer de Ki, on peut aussi entendre parler du point Seïka Tanden (脐下丹田) l’hypogastre (étymologiquement « bas-ventre ») situé environ deux doigts sous l’ombilic.

Ce point unique est à la fois notre centre de gravité physique, le centre de sérénité de l’âme mais aussi plus que cela, il est le Centre où réside le Ki ou « énergie vitale ». Maintenir le point unique, c’est calmer l’âme et préserver voire accroître notre potentiel de vitalité.

Représentation du Hara réceptacle du Ki :

Dans un premier temps : rechercher ce point unique physiquement

Au début, il est préférable de procéder de manière statique, en posture Seiza (静座), et au préalable, on peut, par une pression d’un doigt, à environ 3 centimètres sous l’ombilic, aider à visualiser et à mémoriser mentalement ce point unique.

Comment maintenir le point unique :

Du fait que l’univers est comparable à un cercle de rayon indéfini, car en perpétuelle expansion, son centre est partout et sa circonférence nulle part, un point quelconque peut légitimement être considéré comme un centre possible. L’esprit n’ayant pas de masse, pas de forme, pas de limite, donc pas de centre, il peut être placé n’importe où. Pour des raisons de commodités on peut imaginer mettre son esprit dans le point unique, seul endroit du corps où toutes les forces s’annulent et où règne le calme. Maintenir le point unique, c’est donc stopper l’agitation mentale, conduire volontairement le mental à n’avoir plus qu’une seule pensée que nous-mêmes aurons choisie. De ce fait ce n’est plus le mental qui nous sature de myriades de pensées parasites mais c’est nous, par notre volonté, qui imposons au mental une seule pensée.

La pensée essentielle à s’approprier est que notre point unique est le centre d’une sphère de rayon infini qui se réduit régulièrement par moitié, jusqu’à ce que l’on ne puisse plus envisager la sphère que sous la forme d’un point. Puis quand on ne perçoit plus du tout cette sphère alors on multiplie par deux son rayon, et ainsi de suite. Avec le temps et la pratique, réduire puis agrandir le rayon de la sphère par moitié, se fera de manière naturelle.

Ces alternances de concentration et d’expansion vont créer un rythme qui va apaiser le mental jusqu’à « le faire taire », l’âme est alors calme car on à qu’une seule pensée, et celle-ci va finir par nous échapper, le mental est complètement déconnecté et nous sommes alors dans un état de totale disponibilité à ce qui nous entoure, à ce que l’on voit, à ce que l’on entend, c’est l’unification du corps et de l’esprit par le retour au calme.
Il est parfois difficile d’imaginer une sphère, aussi, le même exercice est possible avec des cercles concentriques ou plus simplement en s’imaginant un axe infini passant par nos deux hanches et notre centre, et leur appliquer la méthode de réduction et expansion.

Si le mental est réticent à l’exercice, c’est-à-dire si des pensées jaillissent, observez-les sans s’y attacher, sans s’y opposer, sans les nourrir. Lors de notre « recentrage » on doit être « passant » dans le sens de ne pas retenir les pensées, puis soudain on prend conscience que l’on pense, et l’on revient aussitôt au point unique.

Apprivoiser le mental avec cette méthode peut se faire régulièrement et n’importe où, au travail, dans les transports en commun, aussi bien assis que debout ou qu’allongé, sans que quiconque s’en aperçoive, n’importe quand le matin comme le soir avant le coucher.

Toutefois, si l’on pratique chez soi, il est préférable de se donner un lieu et un moment bien précis et de le respecter autant que faire se peut, cela permet ainsi d’instaurer un « rendez-vous » porteur d’une atmosphère propice à cette pratique, qui, au final, permettra l’obtention plus rapide de progrès dans la capacité à apaiser l’activité mentale.

Notons que la durée de cet exercice est de moins en moins longue avec un pratiquant expérimenté. En effet, un aïkidôka qui travaille régulièrement la technique décrite ci-dessus « attrape » plus rapidement ce point unique, et sait mieux le maintenir dans la durée.

Garder le point unique dans quel but ?

Si on lit avec attention les témoignages rapportés sur des maîtres d’arts martiaux comme Takeda et Ueshiba Senseï, il paraissait impossible de les surprendre, de se jouer d’eux aussi bien physiquement que de leur présence d’esprit. En tant qu’ils furent des maîtres d’arts martiaux il est facile à comprendre qu’ils étaient toujours présents à leurs activités, à aucun moment ils ne partaient dans la rêverie, et là justement était leur force.
La pratique du point unique permet ce retour au présent, au cœur de la situation, cette attitude de vigilance naturelle faisait d’eux des êtres en permanence « affûtés » prêts à trancher, dans l’instant, le moindre moment de distraction intérieur qui pourrait leur être préjudiciable. L’effet de la pratique du point unique nous permet de vivre pleinement les situations que nous rencontrons, cela nous permet aussi de rester calme par rapport à l’imprévu, donc d’une certaine manière de maîtriser nos sentiments et émotions face à un danger éventuel, voire de rester imperturbable ou encore « asentimental » afin de répondre au mieux et spontanément à l’inattendu.

Vocabulaire :

Seiza : 静座 :
Pour traduire cette expression on peut parler d’assise de retour au calme, de posture de retour à soi ou posture de recueillement.

La posture seiza est une attitude physique qui permet de se concentrer ou se recentrer, d’être en écoute totale permanente, d’avoir la pleine conscience de ce qui nous entoure. Pour arriver à ce résultat il faut pratiquer correctement cette assise en réussissant à trouver le juste tonus musculaire, permettant ainsi un certain confort tout en étant vigilant et en paix à la fois.

Une fois agenouillé, il faut étendre la colonne vertébrale comme si l’on poussait vers le haut, on doit sentir une très légère cambrure dans le bas du dos, elle est due à la bascule du bassin vers l’avant permettant ainsi de bien sentir les appuis pris au sol par nos deux genoux écartés de deux à trois poings. Les genoux repoussent donc la terre et le sommet du crâne pousse le ciel, ceci impliquant que la nuque est légèrement étirée et le menton rentré.

Les bras sont collés le long des flancs et les mains sont posées sur les cuisses, elles pèsent de leur propre poids et ainsi font se relâcher les épaules qui sont alors tombantes et rejetées en arrière avec les omoplates bien aplats.

Placer le nez et le nombril sur la même ligne, alignez les oreilles avec les épaules, la langue est collée au palais. Les yeux sont mi-clos, le regard est posé au sol, à une distance de un mètre à un mètre et cinquante centimètres. Le gros orteil gauche repose sur le gros orteil droit.

La rectitude de la posture s’accompagne d’une respiration nasale et ventrale amples tout en étant naturelles, c’est-à-dire que l’on respire sans forcer l’ampleur de l’inspiration, mais, toutefois, en insistant sur l’expiration qui doit être lente et profonde mais sans exagération, il ne s’agit pas de « forcer » pour se vider complètement les poumons. Il est inutile de gonfler la cage thoracique, ce mode de respiration ne favorise pas l’apaisement. L’objectif à atteindre étant le retour au calme, il faut donc créer un rythme d’inspiration et expiration naturelle, lente et profonde, d’ailleurs on atteint ce « relâchement respiratoire » lorsque l’on sent l’abdomen « descendre » , se détendre complètement tout en suivant les justes expansions et rétractions dues à la respiration, pour imager le phénomène cela ressemble aux vagues qui naturellement vont et viennent sur le rivage. C’est ce type de respiration, en synergie avec le maintien de la juste posture physique et l’exercice du retour au point unique, qui libère des tensions physiques, qui apaise le mental et nous rend disponible à l’ici et maintenant.

Toute cette « avalanche » de détails pour expliquer de manière la plus exhaustive possible la posture seiza, aussi bien dans ses composantes visibles qu’invisibles, engendre un sentiment de « compliqué », qui peut être rebutant au début, cela dit, comme toujours, avec la pratique et du temps, et en respectant notre rythme personnel, les choses, les unes après les autres, se mettent en place naturellement, cela demande un travail sur soi et fait croître en nous une force qui s’appelle la patience.

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