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28 janvier 2011
Bruno, Lionel

Pratiquer l’aïkidô en gardant le poids en dessous (1/4).

Pratiquer correctement notre discipline implique la mise en œuvre de quatre méthodes différentes et complémentaires dont deux sont d’ordre corporel et deux d’ordre spirituel.

Aujourd’hui prenons conscience de l’une de ces quatre méthodes.

Pratiquer l’aïkidô en gardant le poids en dessous (1/4).

Cette première méthode est de type corporel.

Nous vivons sur terre et sommes soumis à sa force gravitationnelle, ainsi chaque partie du corps pèse de tout son poids et nous permet de nous ancrer dans le sol. Lors de la pratique ne luttons pas contre cette loi naturelle en faisant, bien souvent malgré nous, intervenir le mental qui a tendance à nous « raidir » et par la même occasion à faire monter le poids au niveau des épaules débouchant ainsi sur un décentrage physique.

La perte de ce concept de maintien du « poids en dessous », de « garder le poids » dans la partie basse du corps ou hypogastre, que les japonais appellent le Tan Den (丹田), fait que notre poids se porte alors à la périphérie de son emplacement naturel, en d’autres termes il passe des hanches aux épaules, alors instabilité et tension s’instaurent.

Toute partie du corps comporte une partie basse, le poids s’y situant naturellement. Une grande partie de celui-ci trouve sa place dans l’abdomen et par extension dans les hanches, toutefois il est également présent dans les différentes autres parties du corps (épaules, bras, mains). Cette force est à utiliser en étant « pesant » de tout son corps, c’est-à-dire en unifiant les différentes forces de pesanteur de tous nous membres. Ceci étant mis en œuvre de manière plutôt évidente dans une technique de projection comme Soku Men (側面) qui est aussi connue sous le nom de Naname Nage (斜め投げ).

La pratique de l’aïkidô, en conservant le « poids en dessous », permet la stabilisation et la coordination du corps, les hanches deviennent alors le moteur qui rend puissant les déplacements et les extensions du corps. Conserver le « poids en dessous » autorise une maîtrise de notre équilibre et du mouvement du début jusqu’à la fin.

On retrouve cette nécessité de garder le « poids en dessous », et même de manière encore plus flagrante, dans la pratique de cet art martial japonais que l’on appelle le Yabusame (流鏑馬), les archers à cheval ou encore l’art du tir à l’arc à cheval. Effectivement la partie basse du cavalier doit être pesante sur ses appuis dans les étriers tandis que le haut du corps doit rester léger, relaxer, pour être disponible à une bonne tenue de l’arc et de la flèche. Citons que parmi les acteurs japonais ayant participé à des films d’arts martiaux, Toshirô Mifune, fut l’un des meilleurs élèves de Yabusame de la Takeda Ryû. Dans « Barberousse » ou « Akahige » d’Akira Kurosawa, on voit Toshirô Mifune, dans l’unique scène martiale du film, illustrer à la perfection le fait d’avoir le « poids en dessous ».

Enfin, un point de vue symbolique sur les parties du corps et les couleurs des vêtements de l’aïkidôka. La partie inférieure du corps est vêtue du Hakama (袴), elle est la partie sombre du pratiquant avancé. La partie inférieure du corps est liée à la terre et symbolise l’activité gestuelle de l’aïkidô de par l’importance, à la fois, des mouvements de hanches, des contacts et points d’appui sur le sol. On comprend la nécessité du maintien du « poids en dessous » qui vient établir la bonne tenue de ces appuis fournissant ainsi toute la puissance aux mouvements mis en œuvre par les hanches. C’est pour cela que les genoux doivent être fléchis légèrement lors de la pratique, ainsi cette flexion contribue à renforcer l’action de notre poids sur nos appuis et donc à œuvrer à l’accroissement de notre stabilité en statique comme en dynamique. En ce qui concerne la partie supérieure du corps elle est la partie claire du kékogi de tous les pratiquants, elle symbolise le spirituel, l’intériorité, la pureté, la paix, c’est là où naissent les intentions, sont prises les décisions et le moment du passage à l’action.

Un peu de vocabulaire japonais :

■En début de cours, c’est la « gymnastique d’échauffement » ou préparation physique et mentale à la pratique de l’aïkidô. Parmi les aïki taïsô nous pouvons citer entre autre : Ikkyo undô, Nikyo undô, Sankyo undô, Yonkyo undô, Gokyo undô, Kote gaeshi undô…
Aïki Taïsô

合氣 体操

■Secousses des mains au-dessus de la tête et en bas le long du corps, c’est une méthode de travail pour faire circuler le Ki :
Tekubi Furi Undô

手首振り 運動

■Enchaînement continu de techniques jusqu’à ce que shite réussisse à immobiliser ou à projeter uke :
Henka Wasa

変化 技

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Commentaires

5 Messages

  • 2 février 2011
    22:01

    question :
    lorsque l’on pratique l’aïkido on n’est pas seul ; dans la dynamique du mouvement l’équilibre des forces entre les partenaires n’est pas le même, de même que le poids.
    La stabilité du poids "en dessous" pour la personne la plus légère n’est elle pas plus instable ? (à l’image d’une feuille soulevée par un vent d’une certaine force)et finalement peut-elle être vraiment ancrée dans le sol dans ce cas dynamique ?
    Si l’on est statique peut-être mais dynamiquement dès lors que les deux pieds ne sont pas au sol cela m’étonnerait...
    Evelyne

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    • bruno 9 février 2011
      19:27

      Bonjour Evelyne,
      Essayons une réflexion un peu plus avancée,

      Avoir le poids en dessous, c’est accompagner la nature, où toute chose trouve sa place , dans le poids le plus bas. Il n’est pas question de poids mesuré en quantité . Prenons une serviette, objet insignifiant quant à son poids, posons-la lentement dans le creux d’une main, cette objet trouvera sa place sans tension en son "centre de gravité, jusqu’à sa position définitivement arrêtée.
      Peut-être, un autre exemple : un pratiquant réalise une technique , les mains avec les doigts écartés ; ce n’est pas naturel. La main dans son ensemble (paume et doigts),en position naturelle poids en dessous, n’a pas les doigts écartés, ces derniers du fait du prolongement de la main sont plutôt « rassemblés ». Cela dénote une pratique de la personne trop mentale (inquiétude, volonté de bien faire exagérée, etc.)

      Le but de travailler le poids en dessous est d’éviter toute tension parasite à une prise de décision fulgurante. Il ne s’agit pas de comparer le poids en dessous à une force d’une personne de 100kg et d’une autre de 50kg.

      N’oublions pas que ce concept (1/4) est une partie indissociable d’un tout. Il faut également, pour ce qui nous concerne, la pratique de l’AÏkidô, être concentré, relaxé, et étendre le Ki via le kokyu, respiration qui subordonne l’esprit au corps.

      Maître Ueshiba mesurait un peu plus de 1.50m et pesait peut-être 50kg, et un de ses exercices de démonstration était de demander à ses élèves de le soulever de terre. Difficile, voire impossible, grâce au poids en dessous mais aussi à la conjugaison des 3 autres concepts.

      Nous traiterons les 3 autres concepts seront bientôt vus dans leur ensemble.
      En espérant avoir répondu avec une meilleure comphéhension.

      Peut-être à bientôt sur les tatamis du PAC.

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      • Evelyne 12 février 2011
        18:05

        Bonjour Bruno. Cela parait sensé... juste (en accord avec l’article 2/4, l’aïkido relaxé) que le système social dans lequel nous évoluons favorise plus le conditionnement (et donc l’activité du mental) que l’accompagnement de la nature. Alors comment résoudre ce conflit ? D’un côté un mental qui développe la volonté (et donc certes l’inquiétude sous jacente) et de l’autre la démarche vers l’harmonie de la nature...
        Evelyne

        NB : je suis en "jachère" pour cause de saturation de parasitage mental (ça fini par coincer les muscles, surtout dans les chutes...)

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        • bruno 16 février 2011
          12:16

          Bonjour Evelyne,

          En attendant le 3ème et 4ème chapitres à venir qui vous éclaireront peut-être mieux, essayons de comprendre pourquoi votre Mental sature et vous empêche de vous sentir relaxée dans la pratique de l’aïkidô.
          Effectivement, beaucoup de choses, de tentations dans la vie moderne encombrent notre mental. Conditionnés, nous sommes séduits par les technologies, distraits par les loisirs et stressés par le travail.

          On peut s’imaginer qu’un être humain est comme une maison, quatre murs et un toit symbolisant le corps physique, ces murs et ce toit délimitent un espace vide dans lequel on peut vivre, c’est le vide qui rend habitable la maison ; mais dans cette espace il existe « une chaîne HiFi » dont le volume sonore est trop élevé, tellement élevé qu’il sature l’espace (qui n’est alors plus vide et donc difficilement habitable), et nous l’appelons agitation mentale. Le but de l’exercice est donc de baisser le volume sonore…..

          Afin de pratiquer sereinement, essayons de « déconnecter » le Mental, lieu de stockage des turpitudes quotidiennes et source de gamberge et de stress. Faisons appel à une dimension supérieure propre à l’espèce humaine et assentimentale : l’Esprit (« l’espace vide de la maison habitable » de l’exemple ci-dessus), conscience de l’âme ou du Mental……….pas facile !

          Une méthode, (encore une !), faire les choses à 100%.

          Votre journée d’activité a été très chargée, c’est vendredi soir, veille du W.E.
          Quittez votre entreprise par exemple, 100% dans la direction de vos occupations personnelles de fin de semaine. Abordez, alors, 100% une activité nouvelle. Dans le cas qui nous concerne, l’Aïkido, pratiquez notre discipline en pénétrant dans le dojo en abordant cet endroit comme un lieu « sacré » où vous pourrez vous ressourcer, vous recentrer (prochain chapitre à venir), oubliez les tracasseries de la vie ordinaire. Poser vos soucis et autres encombrements mentaux au bord des tatamis, (vous les retrouverez en partant !) effectuez notre activité pleinement donc sereinement en harmonie (faire unité depuis 2 entités) avec un partenaire en parlant le moins possible, présent au présent (sortir du présent c’est rentrer dans le mental qui fuit la réalité pour la rêverie, l’imagination, pour la pensée ou la réflexion qui nous empêchent d’agir spontanément), sans parasitage des moments passés et à venir. (ouf !)
          Vous respirerez alors mieux pendant la pratique, le corps appréciera cette baisse de tension négative et acceptera, avec les muscles plus détendus, les ukemis (chutes). Dans notre pratique, une chose importante, il faut aimer le tapis.
          Si vous débutez, le mental prédominera surement à l’occasion de l’apprentissage des techniques, mais après quelques temps, il faut lâcher prise pour pratiquer profitablement. L’Esprit subordonnera alors le Mental.

          Bruno

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  • Arnaud Chiniard 17 février 2011
    09:17

    Bonjour,

    Merci Bruno et Lionel pour votre participation à le vie de ce site et ainsi d’encourager nos réfexions.

    Merci Evelyne de nourrir cette réflexion. toutefois, puisqu’il est prévu d’autres articles suite à vos échanges, je me permet de revenir au 1er paragraphe de ce 1er article :

    Nous vivons sur terre et sommes soumis à sa force gravitationnelle, ainsi chaque partie du corps pèse de tout son poids et nous permet de nous ancrer dans le sol.

    Je regarde régulièrement un travail qui me parle même si ce n’est pas de l’ Aïkido. Il nous montre parfaitement que le "poids en dessous" n’est pas une question de corpulence : une vidéo de Maître Mifune , à découvrir, peut-être ?

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