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L’histoire du Japon est à mains égards très particulière. C’est un pays qui a oscillé entre ouverture et fermeture. Les phases d’ouverture correspondent à de nombreuses importations d’éléments culturels et technologiques, qui sont ensuite raffinés dans les périodes de fermeture. La dissémination de l’Aïkido prend place dans cette alternance, place que quelques repères historiques aident à mieux comprendre.
Index des périodes :
Néolithique
Époque Yayoï (-300 - 300)
Époque Kofun (300-538)
Époque Asuka (538-710)
Ère Nara (710-794)
Ère Heian (794-1185)
Période Kamakura (1185-1392)
Période Muromachi (1392-1573)
Époque Azuchi-Monoyama (1573-1615)
Ère Edo (1603-1868)
Bakumatsu
Ére Meiji
De l’ouverture à la guerre
Le Miracle Japonais
La Crise et le renouveau
La date de la première
occupation humaine du Japon est l’enjeu de nombreux débats. Il est à peu
près admis qu’il y avait des villages dès 10000 ans avant notre ère. ces
communautés humaines vivaient dans une relative isolation les unes des
autres. On distingue :
La période proto-Jômon, de -50000 à -10000, où
la chasse et la cueillette prédominaient ;
La période Jomôn, avec
l’introduction de certaines formes d’agriculture.
La période Jômon est associée à la production de poteries. Celles-ci sont
non seulement parmi les premières connues, mais surtout elles constituent
un des premiers exemples d’art non rituel. En effet, ces poteries sont
richement décorées, avec des motifs tant figuratifs que concrets, et
montrent de signes d’utilisation. Il s’agissait donc déjà d’embellir des
ustensiles de la vie quotidienne. Plus le temps avance, plus l’élément
décoratif se renforce au détriment de la fonction, au point que les
poteries Jômon tardives semblent presque inutilisables. Il est remarquable
que cette évolution se soit faite alors que les techniques elles-mêmes
n’ont pas évolué. En cours de routes apparaissent des statuettes qui
montrent une capacité à appliquer ces techniques décoratives afin de
symboliser la puissance et les propriétés des êtres représentés.
La chronologie mythique fait remonter la fondation de l’empire par
l’Empereur Jimmu à -600.
À cette époque, il existe un royaume regroupant une partie du Japon et le
sud de la Corée (royaume de Minama). Cette configuration permet
l’importation de technologies venues de Chine : le travail du métal, la
riziculture, la traction animale, etc. Ce faisant, le Japon passe
directement de l’Âge de Pierre à l’Âge du fer, sans passer par l’Âge de
Bronze. Ce passage direct à une agriculture intensive, irriguée et
rationalisée, la riziculture, fixe les communautés en villages et en
communautés socialement organisées (le travail de construction des
rizières est un travail collectif, ce qui suppose une organisation
sociale), séparant nettement l’intérieur de la communauté (uchi) de
l’extérieur (soto). Ces deux concepts centraux de la culture japonaise
sont encore opérationnels à l’heure actuelle.
Trois objets
particuliers sont importés de Corée : des cloches (dôtaku), qui perdent
rapidement leur fonction pour n’être plus que des supports artistiques, les
épées, qui deviennent plus large au Japon, et des miroirs de bronze. Très
précieux, ces objets seront plus tard incorporés dans les symboles de la
famille impériale.
Dates :
-108 : la Chine, unie en un puissant empire, envahit la péninsule
coréenne, générant une vague d’immigration en direction du Japon.
100 : les contacts avec la Chine se multiplient. Ils influencent
particulièrement l’art. La religion Shinto prend son essor.
200 : L’Impératrice Jinko Kogo entame la reconquête de la Corée, effective
vers 360.
285 : Le système chinois d’écriture (kanji) est officiellement
adopté. Dans les faits, cette adoption se fera progressivement jusqu’en
405.
Cette période est marquée par l’édification de tumulus sur les tombes des
personnages importants. Les proportions et la richesse croissante de ces
tombe indique un pouvoir central grandissant, qui en arrive à contrôler
l’essentiel de l’île de Honshu et ne nord de Kyushu. Cette époque
marquerait le véritable début de la lignée impériale à partir du clan
Yamato. Les échanges avec le continent améliorent notablement les
techniques de poterie.
Dates :
vers 350 : les Yamato contrôlent l’essentiel des régions colonisées du Japon.
vers 391 : l’élevage du ver à soie, le tissage et les sciences chinoises
pénètrent au Japon.
L’événement fondateur de cette période est l’arrivée du Bouddhisme au
Japon, et avec lui l’adoption du système politique et social de la
Chine. jusqu’au huitième siècle, le siège de la capitale change à chaque
empereur. Les capitales sont le plus souvent sur le modèle des villes
chinoises, avec des rues à angle droit. Bien souvent, des plans chinois
sont recopiés tels quels, sans tenir compte de la différence d’échelle. De
même, le système administratif est calqué sur le système chinois, avec
toute une bureaucratie de gouverneurs et d’administrateurs choisis par
l’Empereur, sans tenir compte du fait que le système chinois correspond à
un territoire et à une population dix à cent fois plus importants. Le Japon
entre nettement dans un système de droit écrit.
Pendant ce temps, le Bouddhisme s’implante autour de grands temples,
favorisé par l’adoption du Bouddhisme par la Cour impériale. Souvent tenus
pas des officiers avides, ces temples deviennent un pouvoir politique, une
gêne pour le gouvernement et une source d’irritation et de révoltes dans le
peuple.
Dates :
538 (ou 552) : les envoyés d’un roi coréen introduisent le Bouddhisme au
Japon. Il s’ensuit une lutte entre clans (les Soga et les Mononobe) sur
cette question.
562 : Perte des possessions en Corée.
586 : Épidémie de peste. L’Empereur fait officiellement un voeu dans un
sanctuaire Bouddhiste.
587 : Les Sago, partisans du Bouddhisme, triomphent.
604 : Le prince Shotoku publie des injonctions appelées Constitution des
17 articles.
607 : Envoi d’émissaires en Chine
645 : Chute de la dictature de fait des Soga.
645-650 : période Hakuko : adoption du système administratif de la Chine
des T’ang.
701 : Code de Taïho.
Conscient des coûts d’un déménagement complet de la capitale à chaque
nouvel empereur, l’Impératrice Genmei fait, à grands frais, construire Nara
en 710. Cependant, les conflits avec les dignitaires Bouddhistes
s’exacerbent jusqu’à que l’un d’entre eux tente de prendre le pouvoir
(770). Il est chassé, et pour échapper à l’influence des temples, la
capitale est déplacée à Nagaoka.
En 794, la capitale est finalement fixée à Heian-kyo (aujourd’hui Kyoto,
kyo signifiant "capitale" dans les deux expressions). Cette période est
marquée par le pouvoir de la Cour impériale, pendant près de 400 ans. La
puissante famille des Fujiwara occuppe de fait le pouvoir, prenant les
décisions au nom des empereurs. C’est une période d’intense
sophistication, d’intrigues de palais et de jeux de pouvoir entre clans,
empereurs en titre et empereurs retirés en religion (ce qui ne signifiait
en pratique qu’une chose : ils échappaient à l’étiquette pesante entourant
la figure impériale). Le Dit du Genji, écrit par une femme de ce clan,
symbolise cette période. Il est l’emblème de la naissance d’une culture
lettrés japonaise, avec la mise au point du premier syllabaire japonais,
les hiragana. ce développement de la culture japonaise se réalise dans le
cadre d’une rupture des relations officielles avec la Chine.
À la fin de la période, le pouvoir de Fujiwara décline au profit des clans
des gouverneurs provinciaux. Un conflit assez violent oppose les Heike et
les Genji, ces derniers établissant en 1185 un gouvernement à Kamakura et
prenant le titre de shogun (général en chef). Les vertus lettrées et
raffinées de la Cour sont supplantées par des valeurs guerrières.
Dates :
794 : la capitale est fixée à Kyôto, l’empereur Kanmu voulant s’émanciper
de l’influence Bouddhique.
806 : le courant Bouddhiste shingon est introduit au
Japon. Contrairement aux courants précédents, il affirme que chacun est
potentiellement un Bouddha, rompant ainsi avec la doctrine élitiste de ses
prédécesseurs.
857 : Fujiwara Yoshifusa (804-872) devient le Grand Chancelier d’Empire,
puis, en 886 le premier régent (sessho) étranger à la famille impériale.
939 : Taïra et Minamoto commencent à défier la cour impériale, et les
samouraïs à exercer une forte influence politique.
961 : Le petit-fils de l’empereur Seiwa (858-876), Tsunemoto, prend le nom
de Minamoto Tsunemoto et fonde le clan Minamoto.
1017 : Fujiwara-no-Michinaga est nommé Premier ministre. La famille
Fujiwara est alors à son apogée.
1086 : Les Minamoto, avec Yoritomo, s’imposent dans l’est. Grâce aux
Jokos (empereurs retirés), le gouvernement va effacer l’influence des
Fujiwara.
1135 : Les Taïra battent les pirates dans la Mer Intérieure et voient
ainsi leur influence augmenter.
1156 : la guerre civile (Hogenno-ran) éclate
1175 : La secte bouddhiste Jodo est créée. Elle suggère que chacun soit
sauvé de ce monde de maux et de souffrances en étant transporté au Jodo
(Terre Pure) par Bouddha de la Lumière et de la Vie infinie. On parle aussi
à son sujet d’Amidisme, en référence au Bouddha Amida.
1180-1185 : Minamoto Yoritomo (clan des Heike) défait la flotte de Taïra
(Genji) à Dan-no-Ura.
Pendant près d’un siècle, les shoguns consolident leur pouvoir depuis
Kamakura, tandis que l’Empereur règne mais ne gouverne pas. Cette
répartition se perpétuera pendant neuf siècles. En 1333, les partisans de
l’Empereur Go-Daigo tentent de restaurer son autorité. Ils parviennent à
renverser le gouvernement de Kamakura, mais les militaires reprennent le
pouvoir dès 1336, mettant sur le trône un Empereur plus
complaisant. Go-Daigo fuit dans le sud, à Yoshino. Jusqu’en 1392, il
existera ainsi deux cours rivales au Japon.
L’influence des bushi sur les arts entraîne un changement esthétique
complet. Les sujets traités directement et énergiquement supplantent
l’esthétique de la délicatesse et du raffiné.
Dates :
1191 : la doctrine Zen s’implante au Japon, et trouve un terrain très
favorable parmi les nouveaux dirigeants du pays ;
1192 : établissement du shogunat à Kamakura, près de l’actuelle Tokyo ;
1227 : le courant du Soto-Zen arrive de Chine ;
1253 : fondation du courant Nichiren, du nom de son
fondateur. Contrairement aux autres courants du Bouddhisme, cette secte
prétend détenir la voie unique vers l’Illumination ;
1274 et 1281 : plusieurs invasions mongoles, montées par les fils de
Gengis Khan, échouent. À deux reprises, la flotte mongole est anéantie par
un typhon, que les Japonais appellent depuis vent des Dieux kamikaze ;
1333 : les shoguns sont renversés par les partisans de Go-Daigo ;
1335-6 : le clan Ashigaka se révolte, chasse Go-Daigo de Kyoto et le
remplace par Komyo, empereur fantôche qui a pour seule fonction de
préserver le mythe d’un empereur divin ;
1392 : les shoguns établissent leur résidence à Muromachi, un quartier de
Kyoto. C’est le début d’un réconcilliation entre les Cours du Sud
(descendants de Go-Daigo) et du Nord (descendants de Komyo) ;
Durant toute la période, des membres du clan Ashigaka occupent la
position de shogun. Néanmoins, l’influence de leur gouvernement militaire
(bakufu) ne faut jamais celle de celui de Kamakura. Les seigneurs locaux
(daimyo) gardent un pouvoir considérables, et leurs querelles dégénèrent
sporadiquement en guerres civiles culminant avec la guerre d’Onin
(1467-1477), qui détruisit Kyoto et livra le pays à un siècle de
chaos. Cette période est l’heure de gloire des samuraï, au service des
différents seigneurs, et des ronin, samurai sans maître qui écument le
pays.
Malgré cette instabilité chronique, la période est économiquement et
artistiquement florissante, en partie grâce à des contacts avec la Chine,
repris durant la période Kamakura. Les shogun construisirent à Kyoto
diverses résidences, où vivaient un petit groupe de guerriers artistes et
lettrés. C’est dans ce milieu que furent élaborés l’art du thé chanoyu et
le Nô.
Dates :
1467 : début de la guerre d’Onin ;
1483 : construction à Kyoto du Pavillon d’or et du
Pavillon d’Argent ;
1543 : les premiers navires officiels portugais arrivent à Takeshima,
échangeant des armes à feu contre de la soie. Ces échanges font basculer le
pouvoir militaire au profit des provinces des provinces les plus peuplées
aux provinces les plus riches ;
1549 : le missionnaire jésuite espagnol François-Xavier arrive au Japon ;
1571 : ouverture du port de Nagasaki au commerce avec les étrangers par un
daimyo converti au christianisme ;
1573 : Oda Nobugana fait enfermer le dernier shogun du clan Ashikaga.
Cette période est dominé par les noms des trois généraux qui réunifièrent
le Japon : Oda Nobugana, Toyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu. De
nombreuses batailles jalonnent cette période, où les arts de la guerre
furent portés à un point d’efficacité qui ne sera pas retrouvé pendant près
de trois siècles. C’est à cette époque que vécut Miyamoto Musashi, auteur
du Traité des Cinq Roues.
Esthétiquement, cette époque se caractérise par le contraste entre l’or des
panneaux des demeures des seigneurs féodaux et l’austère simplicité des
jardins et des ustensiles de la cérémonie du thé.
Tout au long de ces années, l’influence occidentale se fit profondément
sentir.
Dates :
1582 : fondation d’Edo (aujourd’hui Tokyo) ;
1590 : Toyotomi Hideyoshi termine l’unification du Japon, repoussant les
aïnous à l’extrème nord ;
1592-1597 : Hideyoshi monte plusieurs expéditions pour conquérir la
Corée ;
1600 : Tokugawa Ieyasu triomphe de ses rivaux à la bataille de Sekigahara
Cette période est celle de la fermeture du Japon aux étrangers. Plusieurs
causent contribuent à expliquer cette réaction. Religieuses, d’abord, les
Chrétiens refusant d’admettre la divinité de l’Empereur, et surtout
prétendant détenir le monopole de la vérité religieuse. Les intrigues entre
jésuites, dominicains et protestants hollandais donnaient d’ailleurs une
fâcheuse image de cette religion. De plus, plusieurs Japonais s’alarmaient
du comportement des occidentaux envers les autres civilisation. Plusieurs
craignaient que les missionnaires ne soient l’avant-garde d’une armée
coloniale. Enfin, et ce fut peut-être déterminant, les seigneurs les plus
ouverts à l’Occident avaient pris parti contre Ieyasu, et constituaient une
force militaire considérable, car équipée d’armes à feu.
Il s’ensuivit de vives persécutions contre les chrétiens, une expulsion des
étrangers et une interdiction de sortir du pays, qui n’était plus relié au
monde extérieur que par une minuscule île artificielle où seuls les
Hollandais pouvaient accoster.
Cette époque est dominée par la morale des samurai et leur esthétique. En
termes d’arts martiaux cependant, on assiste à une ritualisation du combat,
et surtout à la naissance des arts martiaux proprement dit, voie de
formation de la personne plutôt qu’art de tuer. En effet, avec la
pacification du pays, la nécessité d’efficacité se faisait moindre.
Dates :
1603 : Tokugawa Ieyasu (1542-1616) est nommé shogun par l’empereur. Il
établit dès lors son quartier général à Edo. Le théâtre kabuki est fondé
par la prêtresse shintô Okuni ;
1605 : Tokugawa Ieyasu transmet son titre de shogun à son deuxième fils,
Tokugawa Hidetada qui exercera le pouvoir de 1605 à 1623 ;
1609 : Un comptoir commercial hollandais s’établit dans l’île de
Hirado. un comptoir anglais suit en 1613 ;
1614 :Le christianisme devient de plus en plus important. De puissants
daïmyo se convertissent. Face à cette menace, les sectes bouddhistes et
shintoïstes demandent à l’empereur et au shogun de condamner cette religion
qui affirme que seul Jésus est le fils de Dieu alors que pour les japonais
c’est l’empereur qui est le descendant direct des Dieux. C’est le début des
persécutions des chrétiens notamment dans l’île de Kyûshû qui s’était très
vite convertie car une des premières îles à avoir pris contact avec des
occidentaux ;
1615 : Ieyasu prend le château fortifié d’Osaka où les descendants de
Toyotomi Hideyoshi intriguaient. C’est la fin de la famille Toyotomi ;
1624 : Le shogun qui ne désire pas que le commerce des armes à feu
occidentales profitent à d’autres clans, expulse les commerçants espagnols
en invoquant des motifs religieux ;
1628 : Seuls les chinois et les hollandais sont autorisés au commerce à
Nagasaki et Deshima ;
1635 : Le système de sankinkotai renforce le contrôle du shogun. Il
instaure pour tous les seigneurs féodaux des provinces une astreinte à
Edo. Ainsi, Chaque province est représentée une année sur deux dans la
capitale. Lorsque le seigneur est en poste à Edo c’est son second qui
dirige la province. Etant loin de son armée, ils ne peuvent pas fermenter
des coups d’état pour renverser le shogun. Une période stabilité politique
s’installe. Cette décision est à la base du développement économique de la
région de Edo. En effet, les daïmyo se déplacent avec toute leur suite (une
centaine de personnes) et dépensent sans compter pour s’élever dans la
haute société japonaise de l’époque. Le commerce s’accroît et les péages
que le shogun installe sur les routes menant à Edo permettent de recueillir
un précieux impôt et empêche par la même occasion les puissants daïmyo de
devenir grâce à l’argent plus puissant que le shogun. La religion
chrétienne est interdite ;
1636 : L’isolement du Japon continue et un décret interdit aux japonais
d’émigrer. Ceux qui sont installés à l’étranger ne pourront jamais regagner
le Japon ;
1637-1638 : La hausse des impôts locaux provoque de violentes révoltes
paysannes qui sont toutes balayées par la puissance de feu de l’armée
shogunale. La plus grande bataille engendre la mort de 37000 paysans (soit
disant tous chrétiens) retranchés au sommet d’une colline ;
1638 : Les commerçants espagnols et portugais accusés de complicité dans
les révoltes paysannes chrétiennes sont expulsés ;
1639 : Seuls les hollandais protestants et les chinois non chrétiens
peuvent continuer le commerce sur l’île de Deshima dans la baie de
Nagasaki. Les Hollandais ont été les seuls à soutenir ouvertement le régime
du shogun dans les périodes de crise. Le comptoir de Deshima est une marque
de remerciement de la part du Shogun. Deshima étant excentré, la présence
hollandaise voulu discrète, ne nuit pas à l’isolement progressif du
Japon. Les hollandais jouiront plus tard d’une place capitale envers le
shogun qui se renseignera secrètement par leur intermédiaire des avancées
technologiques et politiques de l’occident ;
1651 : Les habitations sont en bois et donc le principal danger pour les
temples et les villes c’est le feu. Cette année là, le grand incendie de
Edo provoqua la mort de 30000 personnes ;
1675 : Cette famine conclut une période de diverses catastrophes
naturelles ;
1720 : Autorisation d’importer des ouvrages occidentaux sans rapport avec
le christianisme. Nombreuses famines sur toute la période ;
1792 : Un envoyé russe demande l’ouverture de relations. Le shogun refuse
et renforce la défense des côtes ;
1852 : Des marins russes naufragés, débarquent sur le sol japonais à
Shimoda. Ils ne sont pas exterminés comme l’ont été les autres marins
occidentaux. Le Japon durant 200 ans ne respectait pas les règles
internationales de sauvetage en mer (rapatriements des rescapés). C’est le
début d’une série de naufrages de navires occidentaux qui ont tous pour
conséquence de mettre la pression sur le shogun pour ouvrir les frontières
du Japon au monde occidental ;
1853 : Tokugawa Iesada devient shogun. En juillet le Commodore américain
Matthew C.Perry, avec 4 vaisseaux, presse le Japon d’ouvrir ses portes au
commerce mondial ;
1854 : En mars, il revient avec une escadre renforcée. Le shogun face à la
puissance militaire américaine et au blocus de la baie de Edo est contraint
de signer un traité qui permet aux américains de mouiller à Shimoda et
Hakodate. Rapidement des traités similaires d’amitié avec la
Grande-Bretagne, les Pays-Bas et la russie sont signés ;
1855 : Le grand séisme à Tôkyô du 11 novembre fait 10000 morts ;
1856 : Le consul américain Townsend Harris s’installe à Shimoda, c’est le
premier consul occidental au Japon ;
1858 : Tokugawa Iemochi devient shogun. Il signe différents traités avec
les USA le 29 juillet (exterritorialité), les Pays-Bas le 18 août, la
Russie le 19 août, la Grande-Bretagne le 26 août et la France le 9
octobre. Le commerce avec l’occident met fin à l’isolement du Japon ;
1862 : La première ambassade japonaise s’installe en Europe ;
1863 : Des japonais sous la tutelle du clan Choshu tirent sur des navires
européens neutres engagés dans le détroit de Shimonoseki. En août escadre
anglaise détruit Kagoshima, capitale de Satsuma. En septembre le shogun
fait chasser de Kyôto les partisans de Choshu ;
1864 : Les navires occidentaux (américains, anglais, français et
hollandais) démantèlent les forts du clan Choshu à Shimonoseki. Le shogun
organise la première expédition contre le clan Choshu ;
1865 : L’empereur ratifie des traités signés avec l’étranger ;
1866 :Tokugawa Keika devient shogun. En mars, un accord secret est signé
entre les clans Choshu et Satsuma. En août, le shogun organise la deuxième
expédition contre le clan Choshu ;
1867 : Meiji (Mutsu Hito 1852-1912), fils cadet de Komei, devient le
nouvel empereur du Japon. Le quinzième shogun, Tokugawa Keiki Yoshinobu,
restitue le pouvoir politique à l’empereur et met fin en novembre au
shogunat institué en 1192 par Minamoto Yoritomo. C’est la fin du
gouvernement des samouraïs ;
Pour plus de détails, voir cette page
On désigne sous ce terme la période de guerre civile qui conduisit à la
chute du gouvernement des shoguns (le bakufu) et la restauration de
l’autorité impériale. Historiquement, elle se fonde sur un conflit entre
les shoguns et les seigneurs des provinces du Choshu et de Satsuma
(respectivement à l’est d’Honshu et au nord de Kyushu). Face aux pression
occidentales, ceux-ci recommandaient de les affronter, de peur que le
Japon ne devienne la semi-colonie qu’était déjà la Chine. Cela passait par
une modernisation du Japon et un rattrapage technologique. Les shoguns ne
l’entendaient pas de cette oreille, et le firent savoir. Il s’ensuivit une
longue et sanglante guerre entre les patriotes, partisans de la
restauration de l’empereur, et les loyalistes au bakufu.
Cette période a ses épisodes marquants, aussi connus au Japon que peut
l’être la prise de la Bastille en France. Du point de vue des arts
martiaux, cette période vit un renouveau des techniques visant
l’efficacité. Les armes occidentales étaient en effet rares et chères : on
se battait au sabre et à la lance. Un élément particulier de ce paysage de
violence fut la fondation du Shinsen-Gumi, milice shogunale destinée à
assurer la sécurité à Kyoto et à traquer les patriotes. Les capitaines de
cette milice, qui attirait les plus fines lames du pays, sont des figures
nationales au Japon, et l’objet d’un abondant folklore.
Ce bref âge d’or des techniques du sabre fut cependant aussi le prélude à
leur chute. Lors de la bataille décisive, les loyalistes chargèrent au
sabre les patriotes, qui avaient importé les fusils et les mitrailleuses
américaines, appliquant les techniques de la guerre moderne développées
lors de la Guerre de Sécession. Les troupes loyalistes furent décimées par
les fusils et les mitrailleuses lourdes.
La victoire des patriotes eut pour conséquence l’abolition de la
distinction des rangs et l’interdiction de porter le sabre (en pratique,
des lames de longueur supérieure à 70 cm, ce qui explique que certaines
lames aient été retaillées à cette époque). En pratique, tous les postes de
l’administration étaient tenus par les anciens seigneurs de Satsuma, du
Choshu et leurs anciens vassaux. Bon nombre de sabres quittèrent alors le
Japon, achetées par des amateurs occidentaux. Pour autant, la politique
d’ouverture du gouvernement Meiji se fondait sur un sentiment de fierté
nationale, et les arts martiaux en étaient partie intégrante. C’est ainsi
qu’ils étaient toujours pratiqués comme une réaffirmation de l’identité
traditionnelle du Japon face à la modernité. Pendant plusieurs années, dans
un Japon de pus en plus occidentalisé vivaient des survivants de l’époque
du bakufu, comme pouvait l’être Sokaku Takeda, un des maîtres du Fondateur
de l’Aïkido (cf Les arts martiaux à l’ère industrielle ).
J’ai donné dans cet article un aperçu de l’histoire du Japon
contemporain. Je ne vais en donner ici que les lignes essentielles.
Le rattrapage du Japon fut spectaculaire, même s’il est souvent exagéré. Si
les Japonais se battaient au sabre, les livres hollandais avaient été
utilisé à bon escient, et des expériences de production industrielle
avaient été localement essayé. Toujours est-il que ce pays, quasi-féodal en
1865, était dès 1895 une puissance régionale, battant la Chine, et
déboulait sans crier gare sur le premier plan des puissances mondiales dès
1905. Cette année-là en effet, le conflit avec les Russes à propos de
Port-Arthur et la péninsule du Liao-Dong arriva à un tournant. Sans déclarer
la guerre, les Japonais bloquèrent Port-Arthur et la flotte Russe du
Pacifique. Les Russes répondirent en envoyant l’escadre de la Baltique et
l’escadre de la Méditerranée libérer la ville. Pour la plupart des
occidentaux, il était impensable que des non-blancs puissent menacer une
des plus puissantes flottes du monde. Après un demi-tour du monde, la
flotte russe fut coulée dans le détroit de Tushima, tandis que les troupes
japonaises au sol livraient et gagnaient une guerre de tranchées contre
l’armée russe. Quelques années après, un traité maritime international
reconnaissait au Japon un statut égal à la France et à la Russie.
Au cours de la Première Guerre Mondiale, les Japon prit le partie des
Alliés, ce qui lui permit de récupérer des territoires en Chine. Il se
sentait cependant floué, les traités ayant taché de limiter cette extension
afin de préserver les intérêts britanniques en Chine.
Cette période est celle d’une militarisation de la société. Grisés par
leurs victoires, les clans de Choshu (armée) et de Satsuma (marine) se
livraient à une surenchère belliqueuse, autour d’un empereur quelque peu
dépassé. Cela conduisit en 1931 à l’annexiondelaMandchourie,suivie
d’unetentativedeconquête de la Chine en 1937, de pair avec une alliance
avec l’Axe.
Pendant cette période fleurit un nationalisme assez primaire, articulé
autour d’un shinto d’État, qui visait à fanatiser les foules autour de
l’image impériale. Dans la pratique, l’adhésion à cette idéologie fut, pour
la majeure partie de la population, de pure forme. On assista également à un
regain d’intérêt pour les arts martiaux et l’éthique des bushi.
Croyant les États-Unis enfermés dans leur isolationnisme, le Japon lança
une attaque vers la base américaine de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Sur
la lancée, les troupes japonaises « libérèrent » la plupart des colonies
occidentales en Asie du Sud-Est. La liste des exactions japonaises dans ce
conflit, rafles de filles et viols en Corée, traitement des prisonniers
occidentaux (Le Pont de la rivière Kwaï) est malheureusement longue. Le
Japon n’était cependant pas de taille à rivaliser avec l’appareil
production étatsunien, et avait une étape technologique de retard. Orgueil
de la flotte, les puissants cuirassés Yamato et Musashi, les plus gros
du monde, furent coulés avant même de combattre par les avions de l’US Air
Force, qui avait déployé les nouveaux maîtres des mers : les porte-avions.
Les Américains désespéraient de finir ce conflit : les Japonais défendaient
pied à pied toutes les îles qu’ils considéraient comme appartenant à
l’Archipel. Les figures des kamikazes sont les plus marquantes, mais même
les troupes au sol se sacrifiaient par bataillons entiers. Dans les faits
cependant, le Japon était près à capituler, mais demandait des
garanties. La mécompréhension de ces conditions, le risque de voir les
Soviétiques demander leur part du gâteau ainsi que la volonté de démontrer
leur puissance face à ces mêmes soviétiques conduisit au bombardement
atomique d’Hiroshima et de Nagazaki, puis à la capitulation du Japon.
La période après la capitulation fut une période très difficile pour le
Japon. Le pays était occupé, la population choquée dans son ensemble,
toute l’économie à reconstruire. À cela s’ajoutaient les exactions d’une
partie des troupes d’occupations américaines, et une désorganisation
systématique de tout ce qui pouvait cristalliser un semblant de fierté
nationale (démantèlement des grandes entreprises, division artificielle
des réseaux d’électricité, de téléphone, des chemins de fer, etc.). Le
Japon s’était également vu proposer, avec obligation d’acheter, une
constitution qui lui interdisait toute force militaire, excepté une force
d’autodéfense. Cette clause est actuellement l’objet d’âpres débats, les
États-Unis ayant demandé au Japon d’assumer sa part dans le maintient de
l’ordre dans la région.
Toujours est-il que la reconstruction se fit d’autant plus rapidement que
les capitaux américains affluaient. Après la guerre de Corée, ils avaient
impérativement besoin du Japon pour faire barrage à l’URSS et à la
Chine. Cette période fut celle d’une intense ouverture à l’étranger, mais,
pour la première fois, d’une véritable ouverture réciproque. Les
« japonaiseries » avaient certes eu leur heure de gloire du temps de Van
Gogh, mais cette fois-ci, c’étaient les produits japonais qui partaient à
la conquête des marchés étrangers. D’abord ceux de l’électronique bon
marché, puis ce fut le tour des voitures (plus économiques, au point d’en
inquiéter l’industrie automobile étatsunienne), de l’électronique grand
public (Sony), et de plusieurs produits culturels, mangas et arts martiaux.
On parlait ainsi de « miracle » japonais, le pays continuant à croître alors
que l’Occident sombrait dans la dépression engendrée par la crise
pétrolière. Derrière cette réussite économique se cache cependant une
profonde crise d’identité du pays, qui n’a pu s’exprimer que dans les
dernières années.
Le séisme de Kobe et l’éclatement de la bulle spéculative porta un coup
fatal à une croissance déjà mal en point. Depuis 1995, le Japon se débat
dans des difficultés économiques profondes, ne parvenant pas à sortir de la
récession. Parallèlement, la culture japonaise se diffusait dans l’ensemble
du monde.
Il est difficile d’évaluer cette période : l’histoire immédiate est un
exercice périlleux. Il semble cependant qu’à l’occasion de la crise
économique, le Japon soit en train de revenir sur ses certitudes, tant
celle d’être un pays ouvert (ce qui est douteux tant au vu des statistiques
du commerce que de la pratique des langues étrangères) que de la
démoralisation consécutive à la seconde guerre mondiale. Il n’est donc pas
exclu qu’un rebond économique donne au Japon l’occasion de réclamer une
place plus importante dans le jeu diplomatique mondial. Ce d’autant plus
que le plus grand marché du monde, la Chine, est à ses portes.
Crédits :
Pour la chronologie : http://garnier.free.fr/japon/histoi...
Pour les images et l’histoire de l’art : le site du Met
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